
04/09/2025
Devenez un plongeur éco-actif : 10 actions concrètes pour protéger les océans
Devenir un plongeur éco-actif : 10 actions concrètes pour protéger les océans
Association LONGITUDE 181 – www.longitude181.org – contact@longitude181.org
Le Plongeur Éco-actif, un ambassadeur des océans
La plongée sous-marine offre un accès privilégié à un univers à la fois vibrant et d’une fragilité exceptionnelle. C’est une aventure sensorielle où le silence de l'apesanteur révèle la richesse insoupçonnée de la faune et de la flore aquatiques. Cependant, cette exploration ne doit pas être un simple loisir ; elle s'accompagne d’un devoir de préservation et d'un engagement continu. Un plongeur ne doit pas se contenter d’observer passivement ; il doit devenir un « plongeur éco-actif », un véritable ambassadeur des océans. Cette transformation implique un ensemble d'actions, allant de la maîtrise technique à l'engagement communautaire, pour assurer que ces écosystèmes fragiles demeurent un trésor pour les générations futures. Ce rapport détaille dix actions fondamentales pour opérer cette transition, de la passion à l'action.
La documentation nécessaire pour adopter un bon geste
Affiche de la charte du plongeur eco-responsable / Charte papier
Ffessm livret eco gestes
Ffessm développement durable
Charte de l'apnéiste responsable
Action 1 : Maîtriser sa flottabilité, l'acte de respect fondamental
La maîtrise de la flottabilité est l'aptitude la plus cruciale pour une plongée respectueuse de l'environnement. Un plongeur ayant une flottabilité neutre et contrôlée navigue dans l'eau sans entrer en contact avec les fonds marins ou les organismes vivants. Inversement, une dérive ou un mouvement incontrôlé peut avoir des conséquences dévastatrices, brisant des coraux et des éponges dont la reconstitution prend des décennies. En outre, un équipement mal fixé peut se prendre dans la faune fixée, causant des dommages involontaires.
L'acquisition d'une flottabilité parfaite n'est pas seulement un geste de conservation, elle est également un élément de sécurité et d'efficacité pour le plongeur lui-même. Une flottabilité maîtrisée permet de se déplacer avec un minimum d'efforts, d'économiser l'air, et de prolonger le temps d'immersion. Les techniques essentielles incluent l'ajustement précis du lestage, le contrôle de la respiration (une inspiration profonde pour monter légèrement, une expiration lente pour descendre doucement), et l'ajustement constant de l'équipement au fond pour éviter que les flexibles ne traînent. Des formations spécialisées, comme le Perfect Buoyancy SSI, sont conçues pour perfectionner ces techniques essentielles. La sécurité et la protection de l'environnement sont donc indissociables : un plongeur plus compétent est un plongeur dont l'empreinte écologique est réduite au minimum.
Action 2 : Respecter scrupuleusement la vie marine et son habitat
Les fonds marins sont des écosystèmes d'une grande fragilité, et leur préservation dépend du respect de quelques règles d'or. La première est de ne jamais toucher ni déranger la faune et la flore. Le simple contact avec un corail peut le blesser de façon irrémédiable, et de nombreuses créatures peuvent être perturbées par l'interaction humaine. De même, il est primordial de ne rien prélever de l'environnement sous-marin. Ramasser des coquillages ou des fragments de coraux, même morts, prive l'écosystème d'éléments vitaux pour sa régénération. La règle est de ne prélever que des images.
Le nourrissage artificiel des animaux est une autre pratique à proscrire absolument. Bien que certains clubs la proposent, cette activité est intrinsèquement anti-écologique car elle altère les comportements naturels de la faune sauvage. Le choix de la photographie sous-marine doit également être fait avec discernement ; l'utilisation excessive du flash peut stresser certaines espèces nocturnes. Le respect de la vie marine est un corollaire direct de la connaissance de son environnement. Les plongeurs sont invités à se renseigner sur les espèces qu'ils peuvent rencontrer et les règles en vigueur avant de plonger. La FFESSM propose notamment un outil en ligne, DORIS, qui permet d'identifier les espèces animales et végétales des eaux françaises. Cette éducation préalable transforme le plongeur en un observateur conscient, capable de comprendre la complexité du milieu et d'adopter un comportement responsable en conséquence.
Action 3 : Opter pour des équipements éco-conçus et durables
L'industrie de la plongée, consciente de son empreinte, s'oriente de plus en plus vers des solutions de production plus durables. Un plongeur éco-actif peut soutenir cette évolution en optant pour des équipements éco-conçus. Le néoprène, matériau de base des combinaisons, est traditionnellement fabriqué à partir de pétrole, un processus énergivore. Des alternatives existent désormais, notamment le néoprène X-Foam de Scubapro, fabriqué à partir de roche calcaire. Ce matériau est exempt de pétrole et le seul à respecter les réglementations strictes concernant les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Aqualung et Scubapro utilisent également le Carbo Black, un matériau issu de la pyrolyse de pneus usagés, ce qui réduit considérablement les émissions de $CO_2$ (de 200 g à 2,2 kg par combinaison).
Au-delà du néoprène, d'autres innovations durables sont apparues. L'intérieur de certaines combinaisons Scubapro est fabriqué à partir de polyester recyclé provenant de bouteilles en plastique. L'utilisation de polyester recyclé réduit les émissions de $CO_2$ de 79 % par rapport à la production conventionnelle et contribue à la valorisation des déchets textiles. Les fabricants remplacent également le PVC, plus nocif pour l'environnement, par du polyuréthane dans la conception des sacs de plongée. Enfin, des marques comme Mares ont repensé les emballages, optant pour des sacs en maille réutilisables, du carton, ou de la pulpe de canne à sucre biodégradable en 90 jours pour remplacer le plastique. Au-delà de l'achat, l'entretien et la réparation du matériel sont des éco-gestes essentiels qui prolongent sa durée de vie et réduisent l'impact carbone lié à sa fabrication et à son acheminement. L'acte d'achat devient un puissant levier d'action, car il soutient financièrement les entreprises engagées dans ces démarches, ce qui incite l'ensemble de l'industrie à innover en matière de durabilité.
Action 4 : Utiliser des produits personnels respectueux des récifs
Les produits personnels utilisés par les plongeurs, notamment les crèmes solaires, peuvent avoir un impact direct et significatif sur l'écosystème marin. De nombreuses crèmes solaires contiennent des filtres chimiques, comme l'oxybenzone et l'octinoxate, qui sont des agents toxiques pour les récifs coralliens. En 2018, l'archipel de Palau a été le premier pays à interdire ces produits solaires toxiques afin de protéger ses récifs. Cette décision a mis en lumière la nécessité pour l'industrie de développer des alternatives et pour les consommateurs d'adopter des produits plus sûrs.
Les plongeurs éco-actifs privilégient les crèmes solaires dites "reef-safe". Celles-ci utilisent des filtres minéraux (à base d'oxyde de zinc ou de dioxyde de titane) et sont généralement formulées sans nanoparticules pour éviter l'ingestion par les organismes marins. De nombreuses marques proposent désormais des alternatives respectueuses de l'environnement, telles que Sun Bum, All Good, ou Aveeno. Une autre solution, plus simple et encore plus efficace, est de se couvrir la peau avec des vêtements de protection solaire, tels que des rash guards. Cette approche réduit la quantité de crème solaire nécessaire et, si le vêtement est fabriqué à partir de polyester recyclé, elle permet d'agir sur deux fronts de la conservation marine. L'adoption de ces produits "reef-safe" par les plongeurs individuels envoie un signal fort au marché et renforce la légitimité des réglementations environnementales, démontrant que la demande des consommateurs peut stimuler de grands changements législatifs et industriels.
Action 5 : Choisir et soutenir des centres de plongée engagés
Le choix d'un club de plongée est l'un des gestes les plus significatifs qu'un plongeur puisse faire pour la protection des océans, car il a un impact direct sur les pratiques locales. Les plongeurs éco-actifs privilégient les centres de plongée qui démontrent un engagement concret envers la conservation marine. Ces clubs s'abstiennent de pratiques nuisibles comme le nourrissage artificiel des poissons et adoptent des mesures à faible impact sur l'environnement, telles que l'utilisation de bouées de mouillage plutôt que de jeter l'ancre. Ils limitent également le nombre de plongeurs sur les sites sensibles et mutualisent les sorties en bateau pour réduire la consommation de carburant.
Pour faciliter ce choix, il est recommandé de rechercher des centres de plongée arborant des certifications reconnues. Le statut de PADI Eco Center ou l'obtention du PADI Green Star Award sont des indicateurs de confiance. Ces labels ne sont pas de simples déclarations d'intention ; ils sont le résultat d'un processus de validation externe, géré par des entités comme la Reef-World Foundation en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement. Ces certifications évaluent l'engagement du club sur des critères variés, incluant la conservation de l'eau, la gestion des déchets, l'utilisation de matériaux durables et les actions de leadership en matière de conservation. Le simple fait d'opter pour un club certifié incite l'ensemble de l'industrie à adopter des pratiques plus responsables pour rester compétitif, créant ainsi un cercle vertueux. Des guides de référence, comme celui de Longitude 181, répertorient également les centres de plongée éco-responsables.
Action 6 : S'engager dans la lutte contre la pollution marine
La pollution marine est l'une des menaces les plus visibles qui pèsent sur les océans. Chaque plongée est une opportunité de contribuer directement à la lutte contre les déchets. Bien que le geste simple de ramasser un déchet soit louable en soi, le plongeur éco-actif peut s'engager de manière plus structurée pour amplifier son impact. Utiliser un sac en filet pour collecter les déchets rencontrés sous l'eau est une action proactive qui contribue activement à la préservation des océans.
La participation à des opérations de nettoyage organisées est également un excellent moyen de s'engager. Des associations comme la Surfrider Foundation Europe organisent régulièrement des « Initiatives Océanes », qui incluent des collectes sur les plages et dans les fonds marins. Ces événements, souvent en collaboration avec des centres de plongée locaux, permettent une action collective et coordonnée. En outre, les programmes de science participative comme Dive Against Debris de la PADI AWARE Foundation transforment la simple collecte en une précieuse contribution scientifique. Les données sur les types, quantités et emplacements des débris sont collectées et analysées, comme cela a été le cas dans une étude menée par la CSIRO. Ces informations sont essentielles pour informer les politiques de gestion des déchets à l'échelle mondiale, transformant ainsi un geste individuel en une action capable d'influencer le changement systémique.
Action 7 : Devenir un acteur de la science participative
Le plongeur est idéalement placé pour être un observateur et un collecteur de données pour la science. La science participative permet à des passionnés non-scientifiques de contribuer directement à la recherche sur les écosystèmes marins. Cette implication renforce le lien entre le plongeur et le milieu qu'il explore, le faisant passer du statut de simple spectateur à celui de contributeur essentiel à la connaissance et à la préservation. En France, plusieurs programmes permettent aux plongeurs de s'impliquer activement.
Le projet DORIS de la FFESSM est une plateforme collaborative où les plongeurs et les naturalistes soumettent des photos et des descriptions d'espèces pour enrichir une base de données nationale. BioObs de l'association Longitude 181 est un autre programme qui permet de recueillir des données sur les espèces observées lors des plongées. Pour lutter contre la pollution, la plateforme Fish & Click de l'Ifremer vise à recenser les engins de pêche perdus en mer, contribuant ainsi à la cartographie et à la gestion de ces sources de pollution plastique. Enfin, des projets comme Réseau Alien Grand Ouest (RAGO) impliquent les plongeurs dans la surveillance des espèces marines invasives. En contribuant à ces initiatives, chaque plongeur aide les chercheurs à collecter des informations à une échelle spatiale et temporelle qui serait autrement impossible, transformant ainsi leur passion en une force au service de la science.
Tableau 4 : Programmes de science participative pour les plongeurs en France
Action 8 : Soutenir des organisations de conservation marines
Au-delà de l'action individuelle, le plongeur éco-actif peut amplifier son impact en soutenant des organisations dont la mission est de protéger les océans à une échelle plus large. Le choix de l'organisation dépend de la philosophie d'action que le plongeur souhaite soutenir. Deux modèles d'engagement se distinguent : l'approche basée sur la science et la politique, et l'approche par l'action directe.
La PADI AWARE Foundation, par exemple, opère comme une organisation à but non lucratif qui mobilise le plus grand réseau de plongeurs et de professionnels pour des actions locales ayant une portée mondiale. Ses programmes principaux, tels que Dive Against Debris (lutte contre les déchets), Adopt the Blue (adoption de sites de plongée), et le Community Grant Program (financement de projets locaux), s'appuient sur la science participative et l'éducation pour informer et influencer les politiques de conservation marine.
À l'opposé, Sea Shepherd adopte une approche de confrontation directe pour défendre la faune marine et mettre fin aux opérations illégales en haute mer. Ses équipes et ses navires interceptent les braconniers et documentent les pêches illégales. Le soutien aux missions de Sea Shepherd peut prendre la forme de dons ou de bénévolat sur terre ou en mer. Le plongeur a ainsi la possibilité d'aligner sa passion sur son activisme, qu'il préfère l'approche scientifique et politique de PADI AWARE ou l'action de terrain de Sea Shepherd. D'autres formes de soutien peuvent inclure l'achat de merchandising militant, qui sert à la fois de source de revenus pour les organisations et de moyen de communication visuel de leur engagement.
Action 9 : Adopter des éco-gestes quotidiens, sur l'eau et à terre
L'engagement du plongeur éco-actif ne se limite pas aux immersions. Il se traduit par une cohérence de ses actions au quotidien, sur l'eau et à terre, conformément aux chartes de bonne conduite établies par des fédérations comme la FFESSM et des associations comme Longitude 181. Ces chartes codifient les comportements responsables qui devraient faire partie intégrante de la vie d'un plongeur.
Sur le bateau, il est essentiel de veiller à ce que le vent n'emporte aucun objet léger, comme des sacs ou des bouteilles en plastique, qui pourraient finir dans l'eau. Tous les déchets doivent être stockés et triés une fois de retour à terre, en privilégiant le recyclage. L'économie de l'eau douce est un autre geste crucial, notamment lors du rinçage du matériel. De plus, il est recommandé de ne pas utiliser de savons non biodégradables pour enfiler la combinaison, car ces produits sont nocifs pour l'environnement. Le choix du mode de transport est également important ; favoriser le covoiturage pour se rendre sur les sites de plongée réduit l'empreinte carbone globale de l'activité. Enfin, l'engagement se prolonge dans la vie quotidienne par des choix de consommation responsables, comme l'achat de produits locaux et de saison. Cette cohérence démontre que la protection des océans n'est pas une action isolée, mais un mode de vie qui intègre la conservation dans toutes ses dimensions.
Action 10 : Éduquer et inspirer la prochaine génération de plongeurs
L'une des actions les plus puissantes du plongeur éco-actif est de devenir un mentor et un ambassadeur de l'océan. Fort de son expérience, il a la capacité de sensibiliser son entourage et d'inspirer un comportement exemplaire qui peut se propager au sein de la communauté. Cette transmission du savoir et des valeurs est fondamentale pour assurer que la passion pour l'océan soit accompagnée de la responsabilité de le protéger.
La documentation de l'environnement sous-marin joue un rôle clé dans cette sensibilisation. En choisissant de "prélever uniquement des images", le plongeur devient un témoin visuel de la beauté, mais aussi de la fragilité des fonds marins. Le partage de ces images et des expériences vécues sur les réseaux sociaux ou lors de conférences permet de créer un lien entre le grand public et un milieu qui reste largement inaccessible. De plus, de nombreux professionnels de la plongée, comme Pierre Frolla, s'attachent à enseigner l'éco-responsabilité aux plus jeunes générations. Les moniteurs diplômés sont désormais formés pour transmettre cette passion tout en inculquant les valeurs de protection de l'environnement, un atout de plus pour attirer les jeunes vers la plongée sous-marine. En adoptant le rôle d'éducateur, le plongeur éco-actif assure la pérennité de la conservation, en formant une nouvelle vague de passionnés conscients de leur rôle dans la préservation de la planète bleue.
De la passion à l'action, le futur des océans entre vos mains
Le cheminement pour devenir un plongeur éco-actif est une progression logique, qui part de la maîtrise technique individuelle pour s'étendre à un engagement communautaire et systémique. Les dix actions présentées – de la maîtrise de la flottabilité au soutien des organisations de conservation – ne sont pas de simples suggestions, mais un véritable plan d'action pour transformer une passion en un levier de changement. Chaque choix, qu'il s'agisse de la crème solaire utilisée, du centre de plongée choisi, ou de la participation à un programme de science participative, a un impact cumulatif.
La force de cet engagement réside dans le fait que chaque plongeur peut, à son échelle, contribuer de manière significative. Le simple geste de ramasser un déchet sous l'eau devient une donnée scientifique précieuse. L'achat d'un équipement éco-conçu encourage une industrie entière à réviser ses pratiques. Et le partage d'une expérience de plongée inspire la prochaine génération à s'engager. La plongée est un privilège qui s'accompagne d'une immense responsabilité. En intégrant ces actions dans leur pratique et leur quotidien, les plongeurs ont le pouvoir de devenir de véritables protecteurs de cet "autre monde" et de garantir qu'il continue de s'épanouir pour les générations à venir.